Le dernier en date c’est Térence Mushano. Il est vice président et porte parole de l’Association de lutte contre le Génocide “AC-Génocide-Cirimoso”. Il s’agit de l’une des associations qui défendent les droits des victimes des atrocités qui se sont commises au Burundi depuis des décennies .


Ce vétéran, aussi dans la lutte pour le droit syndical, libéré le mercredi 15 juillet, venait de passer neuf jours dans un cachot de la police à Bujumbura, la capitale économique. Arrêté jeudi 9 Juillet à l’aéroport international de Bujumbura, il était détenu “pour atteinte à la sureté de l’état”.


Il lui était reproché d’avoir tenté d’accorder une interview dans un endroit interdit aux journalistes du Groupe de presse Iwacu, un médias indépendant sur la position de l’AC Génocide – Cirimoso par rapport aux travaux de la Commission Vérité et Réconciliation, CVR.


A sa grande surprise, il lui a été demandé de se présenter, le lendemain à la Police Judiciaire avec les statuts et l’ordonnance d’agrément de l’AC Génocide-Cirimoso.


“Il y a un agenda caché car l’association existe depuis août 1997. Vouloir accorder une Interview aux journalistes et l’association dont je suis membre, ce sont deux choses différentes”,  s’étonne Térence Mushano.


“L’AC-Génocide Cirimoso est une Association Sans But Lucratif ASBL, agréée par l’ordonnance n˚530/321 du 19/08/1997”, ajoute-t-il.


Mushano a fait savoir qu’il n’a pas reçu la signification des éléments matériels et moraux de son infraction.


Mushano, victime de ses opinions 


Les membres de l’AC Génocide – Cirimoso s’insurgent contre ce qu’ils qualifient d’intimidation.


“Les principes de référence de l’ Association de lutte contre le Génocide AC-Génocide – Cirimoso sont inscrits, entre autres, dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (10-12-1948), la Convention Internationale pour la Prévention et la Répression du Crime de Génocide (09-12-1948) et la Constitution du Burundi. Un Vice-président et porte parole de l’AC Génocide ne devrait jamais s’inquiéter. Heureusement qu’il a été libéré”, rétorque un membre influent de l’AC Génocide.


“Pour toute autorité qui a l’esprit de haine ethnique, division du peuple, négationnisme sur les crimes commis au Burundi, l’AC Génocide – Cirimoso est une menace. Elle parle de Vérité – Justice – Réconciliation comme étant l’unique chemin du salut pour tous” laissent entendre les membres de cette association. 


“Depuis sa création, nous avons toujours eu des problèmes avec les gouvernants, ce n’est pas seulement aujourd’hui qu’un membre du Comité Exécutif, un membre effectif ou sympathisant de l’AC Génocide est emprisonné. Se prononcer sur l’idéologie génocidaire et les pratiques de tueries de masses répétitives qu’a connues le Burundi depuis 1965, et dans la sous-région depuis 1959, est devenu un péché mortel. Pourtant, la vérité sauve”, accentuent ces activistes et membres de l’Association de lutte contre le Génocide AC Génocide – Cirimoso .


Sous le régime du président Sylvestre Ntibantunganya en 1995, sur demande expresse du Gouvernement du Burundi, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a mandaté une Commission d’Enquête Internationale des Nations Unies pour le Burundi (CEINUB), résolution 1012 du 28 Août 1995. La CEINUB a produit un rapport en date du 22 Août 1996.


“Dans ledit rapport, il est mentionné qu’un Génocide a été commis contre les Tutsi au Burundi. Pourtant, parler du génocide des Tutsi est devenu tabou pour le Burundi, malgré les conclusions et recommandations de ce Rapport S/1996/682, paragraphes 483-500”, ajoutent ces activistes et  membres de l’AC Génocide-Cirimoso. 


Dans ce rapport S/1996/682 spécialement en son paragraphe 483, la commission estime que “les éléments de preuve dont elle dispose suffise à établir que des actes de génocide ont été perpétrés au Burundi contre la minorité Tutsis le 21 octobre 1993 et les jours suivants à l’instigation et avec la participation de certains militants et responsables Hutus du Frodebu, y compris au niveau des communes”.


Dans sa déclaration rendue public le 12 Juillet 2020, le Secrétaire de l’AC Génocide-Canada a mis en garde la communauté internationale pour son silence face aux persécutions récurrentes contre les Tutsi du Burundi déjà victimes d’un génocide impuni et qui sont réduits actuellement au silence par un régime qui, par l’entremise de la très controversée Commission Vérité et Réconciliation (CVR), veut cultiver de façon soutenue une mémoire qui ignore les crimes commis contre les Tutsis.


Rejet de responsabilité


Les Hutu de leur part, crient haut et fort qu’en 1972 dans tout le pays et en en juin 1995 dans les campus de l’Université du Burundi, il s’est commis un génocide contre leur ethnie. Par ailleurs des monuments sont érigés en mémoire de ces massacres.


Un spécialiste-sociologue burundais estime que tous le burundais Hutu et Tutsi ont été victimes des atrocités qui ont endeuillé les burundais  depuis l’indépendance.


Pour lui, il est grand temps que tous se mettent ensemble pour construire le pays, sans mettre en avant leur tendance ethnique et laisser un bon héritage aux générations futures. Et d’ailleurs, indique-t-il, le pardon est le meilleur ami et chemin vers  la réconciliation.


Pour d’autres, il faut qu’il y ait “un mécanisme non judiciaire d’établissement des faits, sous forme d’une commission de la vérité acceptée par les rescapés et victimes de toutes les ethnies, et un mécanisme judiciaire, sous la forme d’un Tribunal spécial pour le Burundi tel que recommandé par le Secrétaire Général des Nations Unies Kofi A. Annan dans sa lettre datée du 11 mars 2005, adressée au Président du Conseil de Sécurité des Nations Unies” avant d’ajouter que la vérité-Justice-réconciliation est l’unique chemin du salut pour tous les Burundais.


2 thoughts on “Burundi: Harcèlement contre les défenseurs des droits des victimes des atrocités”

  1. Merci bcp. Il est d’une injustice extrême de s’attaquer aux victimes et innocents sans défense .Dans ce pays où les plus forts imposent la loi du silence et la politique de l’idéologie victimaire, il sera quasiment impossible de réconcilier le peuple. Et la loi majoritaire, sans aucune logique, condamnent des innocents aux traumatismes. Il serait plus juste de penser à tous et de panser les plaies de toutes ces vicrimes.

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